Fontaine miraculeuse des Argileyres

Fontaine miraculeuse des Argileyres
Parmi les richesses patrimoniales de MEZOS, une fontaine miraculeuse, aux vertus dermatologiques.

La Fontaine des Argilières fait partie des quelques 200 fontaines ou sources guérisseuses que l’on peut dénombrer dans les Landes de Gascogne, dont 130 sources ou fontaines sur le seul massif forestier.

Dans un pays jadis insalubre, peuplé d’habitants petits, malingres, chétifs et guettés par les maladies, les sources faisaient partie des moyens thérapeutiques utilisés pendant des siècles par les hommes et les femmes de ce pays, de leur naissance à leur mort. Le recours - semble t’il massif-  de la population aux vertus curatives des fontaines révèle la précarité des conditions sanitaires dans les Landes d’autrefois.    

Ces vertus curatives sont dues au caractère ferrugineux et sulfureux des sources, même si, selon les scientifiques, les teneurs en fer et en soufre sont généralement insuffisantes pour guérir ou soulager, à l’exception toutefois des sources thermales commercialement exploitées. Ces teneurs en soufre et en fer caractérisent également notre Fontaine des Argilières, qui présente toutefois une particularité, car elle jaillit d’une nappe d’argile, configuration peu fréquente dans notre contrée de sable et d’alios, où les sources s’écoulent en général sur du sable fin.

La Fontaine des Argilières est placée sur une voie jadis empruntée par les pèlerins de SAINT-JACQUES DE COMPOSTELLE. Cette voie reliait la Chapelle de BOURRICOS, située sur la commune de  PONTENX LES FORGES, à BUGLOSE, en passant par la Chapelle SAINT-PIERRE. Il est vraisemblable que la Fontaine faisait partie du domaine de la Chapelle SAINT PIERRE car elle est située sur la lande de LABAT, c'est-à-dire la lande de l’abbé en gascon.

La Fontaine a été aménagée en 1973, et la maçonnerie de l’autel abrite un tube de plomb qui contient un feuillet rappelant les noms des propriétaires des lieux  et les noms des artisans et bénévoles qui ont réalisé les travaux.

La Fontaine est dédiée à SAINTE ROSE et non à la vierge MARIE malgré la présence de sa statue.  La question est de savoir de quelle SAINTE ROSE il s’agit, SAINTE ROSE de  VITERBE en Italie, qui vécut au XIII ° siècle, ou SAINTE ROSE de LIMA au Pérou. L’Abbé DEVERT, haute figure humaniste qui faisait autorité à MEZOS, penchait pour SAINTE ROSE de VITERBE, mais dans une élégante pirouette dont il avait le secret, il recommandait d’associer les deux saintes dans les prières prononcées auprès de la Fontaine.

Les vertus curatives de notre Fontaine sont attestées par des analyses scientifiques sérieuses, et sont donc incontestables. Ainsi la Fontaine des Argilières est spécialisée dans les maladies de peau : les dartres (ou brègues en gascon), l’impétigo, l’eczéma, les ulcères variqueux et autres affections cutanées. De nombreux témoignages démontrent l’efficacité curative de la Fontaine des Argilières, mais nous retiendrons deux guérisons citées par l’Abbe DEVERT, celle d’un enfant dont le visage était couvert de boutons et qu’aucun traitement médical n’avait soulagé, et la guérison d’une femme, définitivement débarrassée de ses dartres après 3 jours de dévotion.

Pour ses vertus curatives, la Fontaine pouvait être recommandée par un personnage qui jouait un rôle très important dans l’ancien temps : la « recommandayre », qui avait le pouvoir de désigner une source en fonction des différentes maladies et affections. Quand elle n’était pas en mesure d’établir un lien entre la maladie et la source, la recommandayre avait recours au rite des 3 bougies allumées - une par source -  la dernière bougie qui s’éteignait désignait la source à recommander. La tradition orale rapporte qu’une célèbre recommandayre résidait à MEZOS à la fin du 19° siècle, mais l’histoire n’a pas retenu son nom.

Sur le site des Argilières, un patient doit respecter un rite très précis :

-          première étape : boire à la source,

-          seconde étape : se laver les mains et le visage,

-          troisième étape : déposer un linge mouillé sur la partie malade ou la blessure,

-          quatrième étape : remplir une bouteille pour poursuivre les soins à domicile,

-          cinquième étape : déposer le linge sur le séchoir, le mal restant donc sur le site, prisonnier du  linge.  Il ne faut surtout pas toucher ces linges, sinon on hérite de la maladie.

-          Sixième étape : prier SAINTE MARIE et SAINTE ROSE, devant la statue.

-          Septième étape : déposer une offrande à l’église de MEZOS.

et enfin faire dire une messe d’actions de grâce en cas de guérison.  

Ce rite est quelque peu complexe mais comme l’écrit l’Abbé DEVERT :   l’important dans tout cela, c’est la rencontre avec Dieu, la Vierge Marie et les Saints du Paradis. 

Selon la légende, certaines sources landaises se sont évadées après avoir été profanées. Ce n’est pas le cas de notre Fontaine qui est demeurée fidèle à son emplacement séculaire, même si elle a parfois cherché à se déplacer de quelques dizaines de mètres, comme en 1985, où il a fallu être très convaincant pour qu’elle accepte de revenir devant l’autel et retrouver son exutoire canalisé.