Mézos et le chemin de fer

Mézos et le chemin de fer
Le village de MEZOS était desservi par le remarquable réseau des Voies Ferrées des Landes

La gare de MEZOS était située sur la ligne MORCENX-SAINT-JULIEN-EN BORN qui faisait partie du réseau des Voies Ferrées des LANDES, réseau d’une extraordinaire densité à tel point que les Landes étaient, à la veille de la Première Guerre Mondiale, le département qui disposait du plus fort kilométrage de voies ferrées par habitant : 32 km pour 10 000 habitants, soit plus du double de la moyenne nationale de l’époque (15 km pour 10 000 habitants)

Pour illustrer cette densité, il suffit de positionner sur la carte les différents terminus de ligne dans cette partie du Born et du Marensin autour de MEZOS : ces terminus étaient MIMIZAN, BIAS, SAINT-JULIEN en BORN, LIT et MIXE, SAINT-GIRONS. 7 km seulement entre MIMIZAN et BIAS, 9 km entre BIAS et ST JULIEN, 5 km entre  SAINT-JULIEN et LIT et MIXE, 10 km entre LIT et MIXE et SAINT-GIRONS.

Autre illustration de cette très forte densité : toutes les communes voisines de MEZOS étaient desservies : ONESSE et SAINT JULIEN sur la même ligne que MEZOS, mais aussi ESCOURCE, BIAS, MIMIZAN, SAINT-PAUL en BORN, AUREILHAN, UZA, LEVIGNACQ, LESPERON, LIT et MIXE, … 

MEZOS était même traversé par deux lignes : MORCENX –SAINT JULIEN et la ligne LABOUHEYRE-BIAS, dont une halte, dénommée LISACQ , aujourd’hui détruite, se situait au nord de la Commune, à moins de 6 km. 

Trois facteurs principaux sont, de façon complémentaire, à l’origine du réseau des voies ferrées des Landes :

1er facteur : la mise en service en 1854 de la voie ferrée BORDEAUX-DAX par la Compagnie du Midi, ligne principale qui va devenir l’épine dorsale du réseau secondaire,

2° facteur : les difficultés rencontrées à l’époque pour construire des routes sur un terrain sablonneux et marécageux, la solution étant apportée par la construction de voies ferrées pour transporter les matériaux d’empierrement.

3° facteur : la croissance de la forêt de pins, plantée dans les années 1850, et qui, dès 1870, exigeait des moyens de transport adaptés pour évacuer et commercialiser les produits de la forêt.

Pour ces trois raisons, un réseau de plus de 400 km va être construit entre 1889 et 1912, réseau articulé autour de l’axe BORDEAUX-BAYONNE.

En dépit de la présence de plusieurs compagnies et, en conséquence, de maîtres d’ouvrage différents, les techniques de construction des voies et des gares sont uniformes sur l’ensemble du réseau landais, le caractère principal de ces techniques de construction étant la recherche systématique du moindre coût. Ainsi,

  • la voie à écartement normal a été adoptée pour éviter les charges de transbordement aux points de contact avec la radiale BORDEAUX-BAYONNE,
  • le sable a été utilisé pour ballaster les voies,
  • le bois de pin a été utilisé pour fabriquer les traverses,
  • les quais de voyageurs ont été aménagés par simple levée de sable dans les gares,
  • les passages à niveau étaient non gardés, le train s’arrêtant avant et après le passage à niveau pour laisser le temps au chef de train de fermer et d’ouvrir les barrières.
  • la signalisation était totalement absente, sauf pour protéger l’entrée dans les gares de la radiale BORDEAUX-BAYONNE.

Cette recherche d’économie était facilitée par l’absence de relief. La topographie a permis de limiter le nombre de tranchées et de remblais et de dessiner un réseau dont 78 % du kilométrage sont en alignement.

Toujours pour des raisons d’économie, le matériel roulant a été acheté d’occasion auprès de grandes compagnies de chemin de fer.

En général, l’exploitation du réseau ferré des Landes prévoyait 2 ou 3 allers-retours quotidiens. Les trains étaient mixtes, composés de deux voitures voyageurs et de quelques wagons de marchandises, en nombre limité car les locomotives à vapeur étaient peu puissantes.

Les voitures voyageurs comportaient 2 classes, alors qu’à cette époque les trains de grandes lignes proposaient 3 classes. Cependant, la 1° classe était très peu fréquentée. Les chiffres de fréquentation relevés en 1911 sur le Born et le Marensin montrent que sur près de 100 000 personnes transportées, 124 seulement ont emprunté la 1° classe, soit une proportion de 1 voyageur en 1° classe pour 1 000 voyageurs transportés.

Le trafic voyageurs a entamé son déclin dans les années 1930 avec la mise en service de lignes régulières d’autocars, qui proposaient des temps de parcours plus courts que le train. Par exemple, en 1935, pour aller de BISCARROSSE à BORDEAUX, il fallait compter 2H13 par le rail et 1H40 par la route.

Le trafic marchandises portait sur la réception de matériaux de construction et d’empierrement et sur l’expédition des produits de la forêt : poteaux de mine exportés par le port de Bordeaux vers l’Angleterre et le Pays de Galles, traverses de chemin de fer, poteaux télégraphiques, produits papetiers, produits chimiques dérivés du bois, et le pétrole de Parentis à Ychoux de 1954 à 1958.

Le trafic se maintient jusqu’en 1949 pour les voyageurs et jusqu’en 1969 pour les marchandises, sur la quasi-totalité des lignes.

Deux tronçons subsistent aujourd’hui : la relation LALUQUE – TARTAS, pour un trafic très réduit de marchandises, et la ligne touristique SABRES-Eco Musée de MARQUEZE, qui restitue presque parfaitement l’ambiance des trains d’autrefois.

Pour notre village de MEZOS, la chronologie des évènements remonte au 10 avril 1878, date à laquelle le Département des Landes délivre la concession de la ligne MORCENX-MEZOS à la Compagnie des Voies ferrées d’intérêt local des Landes.

Après 2 enquêtes publiques, semble-il tumultueuses pour des raisons que l’Histoire n’a pas retenues, une Loi de juillet 1882 déclare la ligne d’intérêt public.

Le point de départ de la ligne de MEZOS est MORCENX, gare importante de la compagnie du Midi, sur la radiale BORDEAUX-BAYONNE-IRUN et également point de bifurcation vers MONT-de-MARSAN et TARBES. La gare de MORCENX était équipée à l’époque d’une grande marquise, d’un faisceau de voies de triage largement dimensionné et également d’un vaste bâtiment réservé au buffet.

La ligne de MEZOS  était en tronc commun sur 6 km avec la ligne de LIT-et-MIXE jusqu’à SINDERES. Sur la branche vers MEZOS étaient desservis les villages de LAHARIE et d’ONESSE.

La gare de MEZOS est à 23 km de MORCENX. Elle a été a été, jusqu’en 1908, terminus de la ligne, doté d’une prise d’eau et d’une remise pour les locomotives à vapeur. Le prolongement vers SAINT-JULIEN, soit 6 km, a été inauguré en août 1908. Entre MEZOS et SAINT JULIEN, une halte était aménagée au lieu-dit CHATON, dont aucun vestige ne subsiste.

Le service mixte – voyageurs et marchandises  - était assuré par 2 allers – retours quotidiens. Par exemple, en 1919, un train arrivait à MEZOS à 12H07, un autre à 18H47 et un train partait de MEZOS à 6H45 et un autre à 15H15. Il fallait compter, selon les trains, de 1H30 à 1H50 pour rallier MORCENX, soit une vitesse commerciale comprise entre 13 et 15 km/h.

En 1947, ne subsiste qu’un seul aller-retour en semaine et 2 AR le samedi. Comme sur la plupart des voies ferrées des Landes, le service voyageurs est supprimé sur MORCENX-MEZOS-SAINT-JULIEN le 15 mai 1939, avant d’être rétabli en juin 1940, seconde guerre mondiale oblige, puis d’être définitivement supprimé le 31 décembre 1949.

Le service marchandises se maintiendra encore 20 ans puis sera supprimé à son tour le 1er juillet 1969. Les voies ont été déposées et les gares vendues, soit aux communes soit à des particuliers, comme ici à MEZOS.